Nous vous proposons un ensemble de définitions, accompagnées de vidéos, pour illustrer certains termes utilisés dans les « Docs du Choeur ».

SOMMAIRE (cliquez sur la définition qui vous intéresse pour y accéder directement) :

ANTIENNE :

Dans son sens le plus courant (on pourra trouver des acceptions et des définitions plus complexes), une antienne est une brève introduction et conclusion musicale légèrement ornée, précédant la récitation (cantillation) d’un psaume ou d’un hymne. Le texte de l’antienne met généralement en évidence l’un des éléments de la pièce récitée. On entend clairement dans l’exemple suivant la brève antienne « Fidelia omnia mandata ejus, confirmata in saeculum saeculi » (20’’), suivie des 12 versets du psaume « Confitebor tibi Domine », et le retour de l’antienne à la fin.
https://www.youtube.com/watch?v=dcgshwWiDFs
Ce système est une des bases fondamentales de toute la liturgie occidentale, et en particulier de tous les offices réguliers pratiqués dans les monastères.
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ARPÈGE :

L’arpège définit un manière particulière de jouer un accord.
Un accord est un ensemble de notes (au moins 3), jouées ensemble et formant un tout du point de vue de l’harmonie.
Dans le cas de l’arpège, ces mêmes notes ne sont plus jouées simultanément mais les unes après les autres.
Cela est particulièrement visible dans la Sonate au Clair de lune de Beethoven ou dans l’exemple suivant – qui vous rappellera votre enfance ! :
https://www.youtube.com/watch?v=1Vy4Q_XLOCM
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BASSE CONTINUE (aussi basse chiffrée ou continuo) :

On désigne ainsi, pour toute la période baroque (env. 1600-1750), l’écriture de la partie d’accompagnement instrumental qui se résume à une ligne mélodique de basse et un système de chiffrage (parfois sous-entendu). Voici une première explication simple : https://youtu.be/gcmx3MQ2Jeo.
Et une autre, un peu plus développée : https://youtu.be/O1YtWmj4yz4.
Mais ce que disent peu ces premières approches c’est l’extraordinaire variété possible des combinaisons pour cette simple ligne sur la partition. Outre le clavecin, on pourra avoir l’orgue, les différents luths (théorbe, chitarrone, guitare), la harpe, et en soutien sur la ligne mélodique violoncelle, contrebasse (ou violone), viole de gambe, basson, trombone ou même un instrument très curieux de la famille des violes, le lirone, conçu précisément pour pouvoir jouer plusieurs cordes en même temps et ainsi faire la basse et les accords. Le choix des instruments est souvent laissé à l’interprète, mais Monteverdi, l’un des principaux promoteurs de ce mode d’écriture, dès 1600, nous offre de très précieuses indications dans la partition de l’Orfeo : https://imslp.simssa.ca/files/imglnks/usimg/1/11/IMSLP498423-PMLP21363-i-mo-beu-mus.d.249.pdf.

Dans la version ci-dessous, on voit et on entend très bien les différentes options. Suivant précisément les indications originales on a par exemple :

  • Un orgue et un chitarrone (31’44’’) – la Messagère
  • Un clavecin, un chitarrone et un violoncelle (32’20’’) – Orfée
  • Une régale = orgue muni uniquement d’un jeu d’anches (59’53’’) – Charon

https://www.youtube.com/watch?v=dBsXbn0clbU&t=3649s

Enfin, la partie non écrite et signifiée par le chiffrage laisse une latitude immense à la réalisation du musicien qui improvise, presque à la manière d’un jazzman. Dans l’exemple ci-dessous on découvrira (outre une très grande diversité d’instruments rares) de très beaux exemples de réalisations de basse continue (prises de vues explicites) parfois avec deux clavecins et deux chitarrones qui se complètent là où intuitivement on croirait qu’ils pourraient se recouvrir (on n’imaginerait pas deux pianos ensemble jouant presque la même partition).
https://www.youtube.com/watch?v=01CZiNxFBaw
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CANTILLATION : 

Déclamation chantée des textes sacrés, principalement utilisée par les religions chrétienne, coranique, hébraïque, et bouddhique.

Quelques citations :

La cantillation traverse toutes les cultures religieuses et humaines. Le prêtre chrétien cantille en latin à l’autel de l’église Dominus Flevit, et son regard traverse le vitrail au-dessus de l’autel : devant lui s’étend l’esplanade du Dôme du Rocher voisin de la mosquée où le muezzin cantille l’adhan, l’appel à la prière musulmane, et plus loin s’étale la vieille ville de Jérusalem dans laquelle plusieurs synagogues abritent un ḥazane cantillant les versets du Tanakh, la Bible hébraïque. À l’orient de Jérusalem l’Asie s’étend jusqu’au Japon, cette Asie où de nombreux moines bouddhistes cantillent les sûtras bouddhiques de leur Tradition. — (Article Cantillation de Wikipédia en français, juillet 2009)

[La cantillation est un] style où la parole aura la prépondérance sur la musique, mais où cette dernière joue un rôle évident de régulateur et de revêtement solennel. – (Solange Corbin, “La cantillation des rituels chrétiens”, Revue de musicologie, vol. 47, n° 123, juillet 1961, p. 3.)

Exemples musicaux :

La cantillation dans la tradition chrétienne est principalement utilisée pour le chant des psaumes, d’où sa proximité avec la notion de « psalmodie » :
https://www.youtube.com/watch?v=sVux2ISf8nU

Le terme a été utilisé dans notre document sur les Passions (rappel des liens de ce document) :
https://www.youtube.com/watch?v=2xNdWG-XO-k
https://www.youtube.com/watch?v=5giKjViJkc0

La tradition islamique est également très riche ; l’exemple ci-dessous est un intéressant parallèle avec la tradition chrétienne grégorienne :
https://www.youtube.com/watch?v=OQHp_o2TepY
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CANTUS FIRMUS : 

Dans la musique médiévale et celle de la Renaissance, le cantus firmus (chant fixe, autour duquel tout s’ordonne) est une mélodie préexistante (généralement religieuse mais aussi profane) servant de base à une polyphonie. Il est utilisé dès le XVe siècle comme trame permettant d’unifier les différentes parties de la messe, avant de prendre des formes plus élaborées. Sur le plan pédagogique et théorique, dans le cadre de l’étude de l’écriture musicale, il s’agit d’une mélodie, le plus souvent assez brève et écrite en valeurs longues, destinée à servir de support aux exercices de contrepoint. (Source – Wikipedia).

Exemple musical : Josquin Des Prés – Messe « Hercules dux Ferrarie » : https://www.youtube.com/watch?v=2Kj0C9KvcwY

C’est un exemple spécial de cantus firmus où le thème de la mélodie principale dérive des voyelles du nom du dédicataire (Hercule 1er duc de Ferrare) : « Her » devenant la note ré, « cu » la note ut (do), « les » la note ré… donnant la mélodie ré do ré do ré fa mi ré.

L’utilisation de ce thème par Josquin Des Prés est au début très systématique : après une exposition à la partie supérieure, il le présente au ténor (place la plus courante, et de ce fait noyé dans la pâte sonore et très difficilement perceptible). Dans une très grande partie de cette œuvre importante (plus de 25 minutes), chaque section voit apparaître ce cantus firmus 3 fois, à 3 hauteurs différentes. Dans la seconde partie de l’œuvre, ces apparitions varient quelque peu ; on admire dans l’ensemble, une constante variété du traitement et un grand art de l’imitation.
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CHORAL (UN) :

Depuis le 16e siècle l’église protestante allemande, sous l’impulsion de Luther, a développé un répertoire immense de cantiques. Ce sont des mélodies simples, faciles à retenir. Enrichis ensuite à 4 voix, ces chorals étaient très souvent chantés par l’ensemble des fidèles lors des célébrations ou en famille. Aussi, lorsque Bach par exemple, inséra des Chorals dans ses Passions, il permit aux auditeurs de se sentir partie prenante de l’œuvre, qui (re-)trouvait ainsi une familiarité avec la musique d’église qu’ils connaissaient. Dans l’exemple sonore ci-après on entendra la mélodie seule de l’un des 43 chorals authentiquement composés par Luther, suivie de son harmonisation, un siècle plus tard par Heinrich Schütz : https://www.youtube.com/watch?v=L11SXgo6XOQ.
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CONTREPOINT :

Voir l’explication magistrale de Jean-François Zygel :
https://www.youtube.com/watch?v=c33B4mokZiA
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MADRIGAL :

Composition vocale polyphonique a capella, ou monodique avec accompagnement, et qui cherche à traduire les moindres inflexions d’un poème (ex. Petit Larousse).
L’âge d’or du madrigal se situe dans l’Italie de la seconde moitié du 16e siècle avec des compositeurs comme Marenzio, Rore, Gesualdo, Vecchi, Banchieri et bien sûr Monteverdi.
Les oeuvres de Marenzio font partie des compositions les plus fraiches et enjouées de ce genre : https://www.youtube.com/watch?v=z298aDdtiI0.
Une présentation plus poussée permettrait de montrer qu’au 15e ou au 17e siècle les madrigaux possèdent des caractéristiques musicales bien différentes, mais elle dépasserait le cadre de ce glossaire.
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MAGNIFICAT :

Il s’agit d’un texte biblique tiré de l’Evangile de Luc : Marie, enceinte, rend visite à sa cousine Elisabeth, également enceinte du futur Jean-Baptiste. Cette dernière salue solennellement Marie qui lui répond par un texte très développé, apparemment une prière ou un chant déjà en usage dans les liturgies des premiers siècles : « Mon âme magnifie le Seigneur… ». Magnificat est le premier mot de la traduction latine de ce texte, qui connaîtra un usage très important : il est chanté tous les jours de l’année dans l’office des Vêpres (voir épisode 11).

Ce texte sera exploité par de très nombreux musiciens soit pour agrémenter l’office des Vêpres, soit comme œuvre autonome. Son caractère principalement joyeux s’adapte à toutes sortes d’événements festifs ; quelques passages plus contrastés incitent certains compositeurs à une variété plus ou moins marquée au cours des différentes sections. Des versions instrumentales (pour orgue) existent, destinées à dialoguer avec la récitation grégorienne. Parmi les innombrables compositions, voici 3 œuvres très différentes :

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MESSE :

La messe est l’office principal des chrétiens. La liturgie (règles d’usages pour le déroulement) a connu de nombreuses variantes au cours des siècles, au fil des réformes et selon les zones géographiques.

En musique on emploie le terme pour désigner l’ensemble des 5 parties principales invariables, selon la liturgie catholique latine : Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei. D’autres parties de l’office pouvaient être chantées mais étaient variables selon le jour de l’année. Les premiers exemples connus dans l’histoire occidentale d’une composition unifiée de ces 5 parties datent du 14e siècle (Messe de Tournai, Messe de Barcelone, …) et l’exemple le plus abouti est la Messe Notre-Dame de Guillaume de Machaut :
https://www.youtube.com/watch?v=wcprcoQOlPA&t=146s
https://www.youtube.com/watch?v=ah60o8gzyYU

Dès lors d’innombrables exemples de compositions nous sont parvenus, avec un développement particulièrement important au cours de la Renaissance (Dufay, Ockeghem, Josquin des Prés, Lassus, Palestrina, etc.).
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MOTET :

Pièce vocale religieuse, en marge de l’ordinaire de la messe, à une ou plusieurs voix, soutenues ou non par des instruments (ex. Petit Larousse).
Palestrina est toujours cité en exemple pour son écriture parfaitement équilibrée : chaque voix participe en effet au tissage de la texture vivante et sereine à la fois. Voici une très belle série de 29 motets (chaque pièce ne dure que 2 ou 3 minutes), servie par l’excellent Hilliard Ensemble. Les textes sont ici tous tirés du livre du Cantique des Cantiques.
https ://www.youtube.com/watch ?v=PQo_LirQY-k
Au cours des siècles les formes de motets ont cependant beaucoup varié et peuvent recouvrir des réalités musicales fort diverses.
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ORATORIO :

Composition musicale dramatique, à sujet religieux ou parfois profane, avec récitatifs, airs, chœurs et orchestre, sans représentation (ex. Petit Larousse).
Au cours de son histoire qui débute à Rome en 1600 l’oratorio a connu des formes et des développements variés. Outre les exemples célèbres de Schütz, Bach, Haendel ou Mendelssohn, Marc-Antoine Charpentier nous réserve de magnifiques découvertes. Intitulées généralement « Histoire sacrée », ces œuvres correspondent parfaitement au genre de l’oratorio.
Voici par exemple le Reniement de Saint-Pierre :
https://www.youtube.com/watch?v=ztBaZPcxer8.
Ici de manière très concise et particulièrement vivante Charpentier présente la succession des trois dénégations de Pierre, se concluant par une des pages les plus déchirantes de l’époque baroque, évoquant ses pleurs. Pour mieux suivre le déroulement on pourra consulter ce commentaire publié par le Choeur d’Oratorio de Paris :
https://www.oratoriodeparis.asso.fr/IMG/pdf/M-A-_Charpentier_-_Le_Reniement_de_Saint-Pierre.pdf
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PLAIN-CHANT

Ce terme qui désigne le « chant plane » peut avoir deux acceptions : l’une, plus large, est l’équivalent du chant grégorien, allant du Moyen-Age aux restitutions contemporaines ; l’autre, plus restrictive, désigne les différentes variations du chant de l’Eglise française, dite gallicane, aux XVIIe et XVIIIe siècles, tels que l’ont en particulier développé Henry Du Mont ou Guillaume Gabriel Nivers. Ces variantes ont en effet tenté de renouveler les anciennes pratiques du chant monodique ecclésial en apportant les techniques d’ornementations baroques (Ave maris stella (plainchant), Guillaume Gabriel Nivers | The Green Mountain Project – YouTube), et le soutien de l’orgue obligé (Premier salut: I. O sacramentum – YouTube). Ces pratiques étaient alors réservées à un petit groupe de chanteurs solistes.
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QUINTE :

On utilise le terme d’« intervalle » pour définir l’écart entre deux notes et leurs hauteurs respectives. Si cette distance est égale à cinq degrés, (c’est-à-dire qu’elle est constituée de trois tons et d’un demi-ton diatonique), on parle de « quinte ».  Tel est le cas, par exemple, pour l’intervalle DO-SOL : on énumère bien 5 notes (DO – RÉ – MI – FA – SOL) entre le DO et le SOL.
Culturellement, certains intervalles, comme la quinte, nous semblent plus agréables à entendre que d’autres. Cette consonnance musicale s’explique mathématiquement : nous aimons associer les sons dont les fréquences ont un rapport arithmétique simple : 4/3 (quarte juste) ou 3/2 (quinte juste).
La quinte est appréciée dans de nombreuses cultures musicales, y compris en dehors du monde occidental, pour sa résonance naturelle.
L’extrait de Kamelott ci-dessous illustre bien cette préférence pour des sons plus « purs », au Moyen-Âge, comme la quinte juste et, à l’inverse, une aversion pour d’autres, plus complexes.
https://www.youtube.com/watch?v=99lhRf0FUHA
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REQUIEM :

« Requiem » est le terme usuellement employé pour désigner les parties chantées lors de la messe célébrée aux obsèques d’un défunt. La liturgie catholique du moyen-âge a développé une série de pièces grégoriennes à cet usage, dont la première (Introït) commence par « Requiem aeternam, dona eis, Domine » (Seigneur, donne-leur un repos éternel) ; c’est donc le premier mot de cette prière qui est resté pour désigner une composition plus développée, comprenant les différentes parties. L’ensemble des pièces chantées a évolué selon les périodes et les lieux ; la quantité importante de chants explique également que tous les « Requiems » ne comportent pas exactement les mêmes éléments. La première composition unifiée reviendrait à Guillaume Dufay, mais cette œuvre est perdue. La plus ancienne connue est alors de Johannes Ockeghem :
https://www.youtube.com/watch?v=-tNgRZlWd3Q&t=32s
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